Sommaire :
-A : Procédés d’extraction.
-B : La Transformation Artisanale des Plantes à Huile. Expérience et Procédés. (GRET, 1995)
-C : Les huiles végétales.
-D : L’huile d’avocat.
-E : L’huile de Moringa oleifera.
A – Procédés d’extraction.
A- Les graines doivent être débarrassées de leurs impuretés (pulpe de fruit, coque).
B- Ecrasez les graines soit dans un moulin, soit dans un mortier à l’aide d’un pilon ou d’une pierre
C- A partir de la il y a plusieurs possibilités pour extraire l’huile des graines
1- Expulseur d’huile électrique : Il existe plein de modèle d’expulseur d’huile, de toutes tailles et ayant des rendements allant de 3 à 4 litres par heure à 100 Litres et plus par heure. Et vous devez avoir une notice d’utilisation fournie, donc vous n’avez qu’a la suivre à la lettre
2- Pressoir à huile manuel : Il existe 3 modèles à notre connaissance ! La presse indienne qui n’est pas pratique d’utilisation pour un rendement de 2 litres à l’heure suivant le type de graine. Les deux autres expulseur d’huile de marque Piteba et Rajkumar, sont de petites tailles et ont un rendement de 1 à 2 litres par heure suivant le type de graine. Ils ont l’avantage d’être peu cher à l’achat, transportable très facilement (2 à 3 kilos) et donnent une huile d’excellente qualité.
3- Si l’on n’a pas de pressoir, disposez les graines écrasées dans des sacs en toile, mettez les sacs pleins dans un récipient d’où l’huile pourra être récoltée par une ouverture à sa base ; couvrir d’une surface plane, résistante et dure sur laquelle pourra agir la pression progressive d’un simple cric de voiture.
4- Sinon, vous étalez vos graines écrasées sur un tissu spongieux que vous exposez au soleil (Vous pouvez faire un cadre avec une vitre pardessus pour faire une mini serre) La chaleur vas fluidifier l’huile qui sera absorbée par le tissu spongieux. Il ne vous reste plus qu’à presser le tissu et à récolter l’huile.
5-Vous pouvez également fabriquer votre presse
B- La Transformation Artisanale des Plantes à Huile. Expérience et Procédés. (GRET, 1995)
Améliorer les pratiques
Améliorer les pratiques, qu'est-ce que cela signifie?
L'enjeu est de tenir compte des procédés traditionnels et de l'organisation sociale sur laquelle ils reposent afin de les compléter. L'évolution ne doit pas se limiter à un saut quantitatif. Elle doit être aussi d'ordre qualitatif.
L'objectif est donc d'améliorer:
- les rendements d'extraction;
- la qualité des produits finis en vue d'une meilleure conservation et d'une valeur ajoutée accrue. Il faut pour cela mettre l'accent sur l'hygiène et les conditions de stockage;
- les conditions du travail pour parvenir à une extraction des huiles pour une durée et une pénibilité du travail moindres;
- la valorisation des sous-produits.
A cette condition, on pourra parvenir à un meilleur rapport coût-avantages.
Qu'est ce qu'une huile artisanale de qualité?
En Europe, les huiles et produits dérivés commercialisés doivent obéir à des normes très précises, qui garantissent leur qualité. Mais comment définir la qualité d'une huile ? C'est une huile qui a bon goût, qui n'est pas acide, qui se conserve longtemps et qui est saine.
Le raffinage industriel a pour objet de produire une huile de couleur claire, qui réponde aux critères ci-dessus. La transformation des oléagineux à petite échelle ne peut satisfaire à des règles aussi strictes qui nécessitent le plus souvent des investissements lourds. Dans ces conditions, comment obtenir une huile artisanale de qualité?
· La qualité du produit fini dépend avant tout de la qualité des matières premières employées: celles-ci doivent être à maturité, saines et soigneusement triées lorsque c'est nécessaire. Ainsi toute graine d'arachide abîmée doit être éliminée. En effet, elle peut contenir des aflatoxines qui sont extrêmement nocives, tant pour l'homme que pour les animaux. Dans les régions traditionnelles de production d'huile d'arachide, et où le tri des graines est le plus souvent mal fait, la proportion de personnes atteintes de cancer du foie est très élevée.
· Les ustensiles, récipients et conditionnements doivent être parfaitement propres, et nettoyés après chaque utilisation. Les machines (décortiqueurs, moulins, presses...) doivent aussi être soigneusement entretenus.
· Dans le cas d'une extraction de l'huile par voie humide, il faut veiller à la qualité de l'eau: une filtration permet d'enlever les impuretés, mais il reste bien souvent de nombreuses bactéries. Or, plus le taux d'impuretés est élevé, moins l'huile se conserve. L'extraction à la vapeur est intéressante car elle évite cette pollution par l'eau.
· L'huile ne doit pas être trop acide car alors elle devient impropre à certaines préparations culinaires ou bien provoque des allergies. Pour cela, la décantation ne doit pas trop durer.
· La cuisson ne doit pas être trop forte ni trop prolongée car alors l'huile brunit, prend un goût de cuit et n'est plus consommable.
· La teneur en eau de l'huile doit être la plus réduite possible car elle est responsable de la dégradation rapide des huiles (rancissement en moins d'un mois).
· L'huile doit être soigneusement décantée ou filtrée avant conditionnement. Un fût de clarification permet de séparer l'huile propre des cellules oléifères qui n'ont pas été brisées lors de la préparation et des particules solides (sable, fibres...).
Améliorer l'hygiène
L'huile est une denrée fragile, sa qualité et la durée de sa conservation sont liées au respect de règles d'hygiène élémentaires. Les étapes de transformation - notamment la récolte, le tri des matières premières et le stockage doivent être effectuées dans un souci d'hygiène constant. Il faut veiller à la propreté des locaux et des machines.
Trier, nettoyer, stocker: la qualité passe par le respect de l'hygiène
· Le stockage des matières premières réclame le respect de règles simples. Les matières premières doivent être stockées dans un lieu propre et sec à l'abri des insectes et de l'humidité. Le stockage sur grille peut permettre d'améliorer le conditionnement de certains fruits à coque, notamment les noix de coco et les noix de karité qui ont tendance à fermenter et les arachides qui doivent être maintenues à un faible degré d'humidité.
· Le tri des matières premières et le contrôle de leur qualité sont une étape essentielle pour la suite du processus. Ils doivent être faits avec soin. Les critères de sélection reposent sur l'aspect, la couleur, le degré d'humidité, la germination et le taux d'impuretés des oléagineux. Si le tri est mal effectué, L'huile produite sera de moindre qualité. Elle pourra même être toxique.
Ainsi le tri manuel des arachides permet d'éliminer les graines moisies et d'éviter un risque d'intoxication par l'aflatoxine (l'aflatoxine est produite par un champignon qui se développe sur les arachides stockées dans l'humidité).
De même, le tri des noix de coco permet d'écarter les noix trop âgées qui produisent une huile acide et rance. Le tri du coprah séché permet d'éliminer les morceaux attaqués par les moisissures responsables de la présence d'aflatoxines.
Les fruits de karité dont les noix ont commencé à germer doivent être éliminés avant la mise en fermentation.
· Le nettoyage permet de préparer la matière première aux futurs traitements qu'elle va subir. Sable et pierres sont éliminés. Les graines sont débarrassées de la poussière par vannage. Les cailloux et la poussière usent et détériorent les broyeurs et les presses. Le nettoyage permet une moindre usure du matériel et une réduction des opérations de purification.
· Le stockage des produits finis : l'huile doit être stockée dans des récipients propres, hermétiques et permettant de conserver l'huile à l'abri de l'air et de la lumière pour limiter les risques d'oxydation. Pour les huiles particulièrement sensibles à la lumière (L'huile de tournesol), le stockage peut se faire dans des cuves enterrées. Les risques d'oxydation sont encore diminués en remplissant les récipients à ras bord et en les fermant hermétiquement afin de créer un vide d'air. Les bouteilles ayant déjà contenu de l'huile doivent être nettoyées soigneusement avec de l'eau chaude savonneuse ou un mélange de cendres et d'eau. Les restants d'huile pourraient conduire à une dégradation de toute l'huile qui deviendrait rance. La même attention doit être portée aux sous-produits de l'extraction lors de leur stockage. Le tourteau absorbe rapidement l'humidité et se détériore: il rancit, se couvre de moisissures, attire insectes et rongeurs. On peut le sécher au soleil avant de le stocker dans un espace fermé. En cas de stockage en atmosphère humide, on peut le conserver en sacs plastiques. Dans tous les cas, le lieu de stockage doit être maintenu propre.
Veiller à la propreté des locaux et du matériel
Les locaux abritant une unité de fabrication doivent être protégés des animaux: les pièces munies d'ouvertures sont équipées de moustiquaires pour éviter les insectes et les animaux rampants.
La propreté des locaux est assurée par un balayage quotidien. Un sol cimenté facilite le nettoyage. Le sol et les murs doivent être lavés une fois par semaine. On veillera aussi à la propreté des alentours afin d'éviter la contamination par les mouches: pas d'eau ou de produits stagnants pour ne pas attirer les insectes et favoriser la prolifération des microbes. Pour la même raison, il est préférable que les toilettes soient éloignées du lieu de fabrication.
Les récipients et les ustensiles de fabrication sont maintenus bien propres par un lavage au savon et à l'eau chaude et un rinçage soigneux à l'eau claire après chaque utilisation.
Un nettoyage fréquent des machines utilisées au cours de l'extraction est primordial. Des impuretés ont toujours tendance à s'agglomérer au contact des surfaces où se condense l'humidité. Elles provoquent un encrassement rapide qui compromet la qualité de l'huile De même, l'eau utilisée lors du processus d'extraction doit être très propre.
Il est nécessaire d'informer le personnel de l'atelier sur l'importance de l'hygiène et de surveiller régulièrement son état de santé et ses pratiques de propreté. Les préparatrices doivent porter des habits propres. Les mains doivent être lavées et séchées avec du savon et un torchon propre avant toute séance de fabrication et chaque fois que l'on change de travail.
Améliorer les procédés
Les possibilités d'amélioration des procédés traditionnels sont importantes. Elles peuvent intervenir au stade du prétraitement comme à celui de l'extraction. Le travail peut être rendu moins long et moins pénible par la mécanisation des opérations de broyage, de râpage et de pressage. Le pressage est la première opération concernée par la mécanisation. Le deuxième stade est celui de l'adaptation en amont et en aval du pressage pour accroître les performances du système.
Il est important que les innovations techniques mises en place se combinent au savoir-faire et à l'expérience des transformatrices. Les machines doivent s'intégrer naturellement dans la chaîne de transformation traditionnelle: la structure générale du procédé doit être conservée. On garantit ainsi le respect du comportement du produit tel que les femmes savent le maîtriser. L'appropriation de l'équipement par les transformatrices est facilitée par la similitude entre les gestes manuels et le fonctionnement de la machine. La nouvelle technologie doit être la moins déroutante possible pour les utilisatrices.
La rentabilité de l'introduction d'innovations technologiques n'est pas acquise. La technologie doit être financièrement viable. L'équipement ne doit pas nécessiter, pour fonctionner, de consommations trop importantes en eau, en combustible ou en électricité, ni un entretien trop lourd. Les propositions d'amélioration des procédés traditionnels concernent rarement la consommation en bois qui est pourtant très importante pour les phases de séchage et de cuisson.
Il faut faire preuve de prudence et de discernement avant d'acheter du matériel. Le choix entre les différentes solutions techniques se fera en Fonction du groupe concerné, de la production envisagée et des possibilités de financement.
Le prétraitement des matières premières
Le prétraitement est destiné à préparer et à faciliter l'extraction de l'huile. Il comprend, selon les plantes oléagineuses, différentes étapes: décorticage (concassage des noix de palmiste), dépoussiérage, broyage (râpage des noix de coco), et conditionnement thermique.
Les arachides :
Le décorticage est désigné spontanément par les femmes comme une des opérations les plus pénibles. L'utilisation d'un décortiqueur peut les soulager. Il existe des décortiqueurs à manivelle qui permettent de séparer les graines entières des graines brisées et des poussières et déchets. La société SISMAR propose un tarare qui est motorisable pour le nettoyage des graines.
Les noix de palmiste :
Pour casser la coque très dure qui entoure les noix, il est possible d'utiliser des concasseurs. Certains fonctionnent à la manière d'un décortiqueur en utilisant la force centrifuge.
Selon le type de presse utilisé par la suite, il peut être nécessaire de griller la noix de palmiste. L'utilisation d'un brûloir est rentable si la quantité de noix est importante. Les noix grillées sont introduites dans une presse à vis. Pour d'autres presses, il faut au préalable réduire la taille des amandes au moyen d'un moulin à marteaux et procéder au laminage* des amandes. Cette dernière opération peut être effectuée grâce au laminoir-aplatisseur MÉCANIQUE MODERNE. Elle facilite l'extraction de l'huile
Les noix de coco :
On distingue deux cas selon que l'on procède par voie humide ou par voie sèche.
· Le procédé par voie humide nécessite la réduction de l'albumen en pâte fine. Le râpage, exécuté à la main, est une opération pénible et fastidieuse. Il peut être simplifié par l'utilisation de petites râpes motorisées. Celles-ci présentent en outre l'avantage d'augmenter le rendement des procédés traditionnels d'extraction. Le CEEMAT a réalisé en 1989 des essais de matériel de râpage sur l'île de Mohéli aux Comores.
On a pu constater l'efficacité de la râpe à manioc. Composée d'une trémie d'alimentation, d'un tambour tournant équipé de lames de scies et d'un dispositif de poussoir, la râpe permet une réduction de la pénibilité et un gain de temps: 20 mn seulement sont nécessaires pour râper 30 kg de pulpe en deux passages dans la râpe. Le double râpage est en effet nécessaire pour obtenir une mouture bien homogène. L'utilisation de cette râpe est encouragée, car sa mécanique est simple et son entretien facile. Elle n'entraîne aucune perte de produit
· Le procédé par voie sèche: on travaille à partir du coprah au moyen de broyeurs à marteaux ou à cylindre, puis on utilise une presse à vis de forte puissance (expeller).
Le karité :
La fermentation doit être réalisée immédiatement après le ramassage des fruits. Les noix mises à sécher doivent être retournées souvent pour éviter le développement des micro-organismes.
Différents matériels ont été expérimentés pour améliorer les procédés mais aucun ne se révèle totalement satisfaisant, soit parce qu'ils induisent des changements techniques ou sociaux trop importants, soit parce qu'ils sont coûteux.
Les essais de dépulpage mécanique n'ont pas été concluants: l'appareil s'encrasse facilement du fait de la texture de la pulpe, et la taille variable des fruits rend l'opération difficile.
Le moulin peut remplacer les activités de pilage et de laminage, mais le recours à un "meunier" constitue une dépense supplémentaire.
L'extraction de l'huile au moyen de technologies améliorées
Il paraît intéressant de ne pas limiter la présentation des améliorations techniques possibles aux seules presses dernièrement apparues. Les premières presses conservent un grand intérêt malgré, ou plutôt du fait, de leur simplicité. Le seul fait qu'elles soient encore employées dans certains pays justifie une description sommaire. La presse "à coins" en est un exemple.
La presse à huile traditionnelle: la presse "à coins"
Elle repose sur un procédé sommaire: des sacs en toile contenant des graines ou des fruits oléagineux sont serrés les uns contre les autres entre deux piliers (deux arbres par exemple). La pression augmente par ajout de coins à l'une des extrémités. Un maillet est utilisé pour les enfoncer. Une poutre soutient l'ensemble. L’huile qui s'écoule est conduite par une auge dans un récipient.
Trois types de presses mécaniques sont aujourd'hui couramment utilisées à l'échelle villageoise :
Les presses manuelles à vis verticale
Les fruits sont placés dans un cylindre métallique perforé (cage) et sont écrasés par un plateau circulaire. Ce plateau, supporté par une vis verticale, descend quand on tourne le levier qui commande la vis. Le levier doit être suffisamment grand pour ne pas nécessiter un effort démesuré de l'opérateur.
Le principe est simple: sous l'action du levier, la vis métallique de la presse pousse le plateau vers le bas. Il fait pression sur la matière première jusqu'à ce que les globules gras sortent des cellules oléagineuses. l'huile s'écoule à travers les perforations du cylindre. L'extraction est discontinue: on remplit la cage avec la matière première, on extrait l'huile et on évacue le résidu. Une fois l'opération achevée. on recommence avec une nouvelle charge de graines.
La presse à vis verticale convient pour une transformation des produits à petite échelle domestique ou artisanale. Elle est surtout adaptée à l'extraction de l'huile de palme. Les fruits cuits sont d'abord pilés dans un mortier puis placés dans la presse. Celle-ci diminue la pénibilité du travail et améliore le rendement en huile.
Il est possible, sous certaines conditions, de presser des graines par ce procédé, mais les taux d'extraction d'huile sont moins bons qu'en utilisant une presse à vis horizontale. Les graines doivent être chauffées et broyées au préalable. Il est nécessaire de presser lentement pour assurer une extraction plus complète de l'huile et limiter l'usure du matériel.
La friction des matières traitées peut conduire à une détérioration des éléments de la presse, notamment pour les petits appareils. Il faut donc prévoir le remplacement des pièces ou leur remise en état. La presse peut être fabriquée, entretenue et réparée par des forgerons locaux sans difficulté: la seule pièce mécanique est l'assemblage écrou/vis chargé de produire la pression. L'écrou de bronze dans lequel tourne la vis constitue la pièce d'usure de la presse.
Il existe aussi des modèles industriels.
L'intérêt de ces presses réside dans leur faible coût et dans leur facilité d'utilisation. Les femmes peuvent les manipuler sans problème.
Les presses à vis horizontale
Ces presses s'inspirent du pressoir COLIN qui n'est plus fabriqué aujourd'hui. Elles sont composées d'un cylindre perforé (cage) à l'intérieur duquel tourne une vis sans fin. On introduit la matière première par une trémie à l'avant du cylindre. La vis, entraînée par une manivelle ou un moteur pousse la matière vers le fond du cylindre en la compressant de plus en plus fort car le pas de vis va en se rétrécissant. L'huile s'écoule à travers les perforations du cylindre. L'alimentation de la presse en matière première est continue à partir de la trémie. Les tourteaux sont expulsés à l'extrémité du tambour.
Ce type de presses est utilisable pour toutes graines (arachide, noix de palmiste, coprah). Selon les pressions obtenues, le rendement* d'extraction varie entre 60 et 90% en fonction de la matière première et du prétraitement.
Ces presses sont difficiles à fabriquer: la vis sans fin demande un atelier bien équipé en machines-outils. En outre, l'écartement progressif du pas de vis doit être calculé en fonction de la matière à traiter: le palme, qui est un fruit mou, est relativement facile à presser et le pas de vis est assez large. Ce type de presse permet d'effectuer en une seule opération le dépulpage et le pressage des fruits de palmier à l'huile et d'extraire l'huile en continu. Pour les graines, le pas de vis est beaucoup plus serré de manière à les compresser plus fortement pour les faire éclater; la force à dégager dépend de leur dureté.
Ces presses conviennent pour un atelier de transformation artisanal, voire semi-industriel. Elles sont très généralement à entraînement électrique ou diesel.
La réparation des vieilles presses COLIN, organisée par l'Association pour la promotion des initiatives communautaires africaines (APICA) basée au Cameroun, s'est révélée trop onéreuse. Une petite entreprise française ALTECH a mis au point un type de presse fabriqué entièrement en mécano-soudure et la diffuse. Cette presse, baptisée CALTECH, est maintenant fabriquée localement par la société OPC (Outils pour les communautés Cameroun). Elle existe en version manuelle et motorisée. Son utilisation est collective. La société SPEICHIM propose également une version fabriquée en petite quantité.
Les presses hydrauliques manuelles
Le principe d'extraction s'apparente à celui des presses à vis verticale. La différence réside dans l'utilisation d'un dispositif hydraulique pour exercer la pression. Un cylindre métallique perforé reposant sur un plateau en bois, reçoit la matière première. Une charge cylindrique vient s'emboîter dans le cylindre et un plateau de bois placé sur cette charge répartit la pression. Ce dispositif fonctionne à la manière d'un cric de camion. Il produit une pression supérieure à celle des presses à vis verticale et peut donc traiter tous les fruits, du palme jusqu'aux noix. Son utilisation par les femmes est relativement aisée.
Les principaux modèles de presses hydrauliques sont les presses de type AGENG, de UECKER... Elles peuvent être construites localement à condition de disposer de crics de camion. Leur coût n'est pas très élevé. Certaines de ces presses peuvent être entraînées par un moteur diesel.
Le ghani :
Les presses à huile ne constituent pas les seuls dispositifs d'extraction de l'huile: le "ghani", technologie originaire de l'Inde, peut également améliorer la transformation des oléagineux. Il est peu répandu en Afrique pour le moment.
Le ghani se compose d'un mortier en bois et d'un pilon en bois ou en pierre. Il repose à l'origine sur l'utilisation de la force animale: le mortier est fixé au sol et le pilon, actionné par un ou deux animaux de trait, broie les graines. Un trou percé au fond du mortier permet à l'huile de s'écouler. Le tourteau est retiré à la main. Le ghani permet le broyage de toutes les graines oléagineuses.
En l'absence d'animaux, le ghani est actionné par un moteur. Il est adapté à une production artisanale ou villageoise du fait de son coût.
Procédés d'extraction utilisés suivant les plantes oléagineuses traitées
Les fruits du palmier à huile :
Dans de nombreux pays d'Afrique, les fruits du palmier à huile constituent la principale source de matières grasses. Leur transformation revêt un caractère essentiel pour la communauté villageoise. Les premières améliorations technologiques à petite échelle furent donc d'abord dirigées vers la production d'huile de palme. Le pressage manuel de la pulpe demande un effort musculaire considérable et constitue l'étape la plus difficile de l'extraction. De plus, son rendement est faible. Plusieurs organismes européens et africains associés à des constructeurs et des artisans locaux ont proposé des modèles de presse. La demande de presses est aujourd'hui importante. Les presses à vis verticale sont les mieux adaptées au traitement des mésocarpes. Elles exigent cependant un rythme de travail rapide et une température élevée pour améliorer l'efficacité de l'extraction. Ces contraintes, ajoutées au fait que le rendement obtenu avec une presse est comparable au rendement du procédé traditionnel, peuvent expliquer l'abandon de certaines installations. Il reste que l'utilisation de presses permet de gagner du temps pour un effort physique moindre.
La presse à vis horizontale CALTECH présente un avantage certain, puisqu'elle effectue le dépulpage et le pressage dans un processus d'extraction continue.
Les graines oléagineuses
Les arachides :
Les presses rudimentaires, comme la presse à coins ou le pressage dans un linge propre placé entre une pierre plate et une poutre qui fait pression de son poids, conviennent bien à l'extraction de l'huile d'arachide. Le ghani est aussi adapté à cette opération.
Parmi les procédés plus modernes, la presse à vis horizontale et la presse hydraulique obtiennent des résultats très satisfaisants. Elles permettent d'augmenter le rendement de l'extraction.
Les noix de coco :
Les presses utilisées pour l'arachide conviennent également au coprah. On peut donc procéder à l'extraction par voie sèche avec les presses à mortier (type ghani), à levier et à coins, les presses hydrauliques et les presses à vis.
Dans le cas d'une extraction par voie humide, l'efficacité de l'extraction est largement conditionnée par la qualité de la préparation: l'homogénéité de la mouture obtenue à la suite du râpage et le temps de fermentation de l'amande râpée (durée optimale de 12 h dans un récipient fermé). Les presses à vis paraissent les plus appropriées à l'extraction par voie humide.
Le karité :
L'extraction du bourre de karité selon la méthode traditionnelle repose sur le malaxage et le barattage de la pâte à la main et à l'eau. Cette opération dure 2 à 3 heures; elle est exténuante et d'un rendement faible. La cuisson demande une grosse consommation de bois. Le produit obtenu après les traitements à l'eau chaude a souvent une odeur rance.
L'utilisation d'une presse permet d'augmenter le taux d'extraction, de réduire la pénibilité du travail et de réduire la main-d'oeuvre.
La pâte de karité est grasse et collante. Toutes les presses ne conviennent pas à son traitement. Si, d'une manière générale, les presses continues à vis et les presses hydrauliques peuvent être utilisées, il est utile de procéder au préalable à des essais. L'extraction s'effectue par voie sèche: les amandes sont pilées, la poudre obtenue est chauffée puis pressée. Les opérations de laminage, barattage, malaxage et lavage sont supprimées. Le traitement ne doit pas être trop lent: l'extraction du beurre exige une température élevée et il est difficile de conserver longtemps la pâte chaude.
La durée de cuisson étant plus courte, la consommation de bois est moins importante, de même que la consommation en eau.
Les autres graines oléagineuses :
L'extraction de l'huile des graines oléagineuses est facilitée par l'utilisation d'un moulin à graines local ou par le ghani, notamment lorsqu'il est motorisé. Les presses manuelles à vis verticale ne sont pas, d'une manière générale, adaptées à ce type de produit. Certaines presses hydrauliques obtiennent de bons résultats. Les presses motorisées à vis sont efficaces et adaptées à la transformation des graines, a l'exception des presses conçues pour le palme.
Clarification
Au niveau industriel, L'huile extraite est généralement raffinée. Les acides gras libres sont éliminés, l'huile est neutralisée. L'huile neutre est ensuite décolorée et blanchie, puis filtrée et désodorisée.
Il est impossible d'adopter la même pratique au niveau artisanal. En revanche, L'huile peut être clarifiée par un traitement à l'eau chaude dans un tank de clarification, puis traitée au charbon de bois ou filtrée à travers d'un tissu ou de sable. Dans ce cas, il faut porter une attention particulière à la propreté du tissu ou du sable utilisés. En outre, le goût peut être adouci par cuisson. D'une façon générale, la purification opérée au niveau du village permet d'augmenter la durée de conservation des huiles. Elle comprend la préparation des récipients afin qu'ils soient propres et la mise en bouteille de l'huile filtrée. Ainsi, la valeur commerciale de l'huile et donc les revenus, en sont augmentés.
Cette étape peut être mécanisée : on peut employer notamment un clarificateur en continu qui permet de séparer les différentes couches. l'huile non clarifiée est versée par un entonnoir dans un fût et chauffée. Après refroidissement, L'huile se décante. On obtient ainsi une séparation de différentes couches de produits. On va trouver, de haut en bas: de l'huile propre, les cellules oléifères non rompues, des impuretés, l'eau, enfin le sable et les fibres qui se déposent au fond. Un robinet situé au niveau de la couche d'huile permet de récupérer l'huile clarifiée.
L'utilisation de ce matériel est intéressante si son coût n'est pas trop élevé.
Certains organismes ou constructeurs proposent des chaînes complètes pour l'ensemble de la transformation des fruits oléagineux. Ainsi pour l'huile de palme: une égrappeuse, un pressoir à vis, un clarificateur.
Enjeux et limites des améliorations technologiques :
La rentabilité de la mise en place d'un processus d'extraction de l'huile semi-mécanisé n'est pas acquise. Dans certains cas, la technologie améliorée ne s'avère pas meilleure que la méthode traditionnelle. Il faut donc être prudent et avoir conscience de tout ce qu'implique l'introduction de nouvelles technologies.
L'acquisition de presses ou d'autres matériels doit tout d'abord être financièrement viable. Il faut pour cela que la quantité de matière première traitée soit suffisamment importante et son approvisionnement régulier. Or, un des problèmes auxquels se heurte souvent la production artisanale d'huile ou de produits dérivés est celui de l'approvisionnement saisonnier des produits. Il faut donc prévoir des possibilités de stockage.
Il importe aussi que la valorisation et la commercialisation des produits dérivés de l'extraction artisanale ne soient pas découragées. Ainsi, au Sénégal, L'huile d'arachide artisanale a été interdite, à une certaine époque. Les raisons invoquées étaient de santé publique.
Dès lors que l'on souhaite investir pour accroître la production, ii est absolument nécessaire d'étudier très précisément les débouchés. Pour cela, il faut faire une étude de marché pour répondre aux questions suivantes:
- quels sont les clients potentiels (familles, écoles, restaurants...)?
- quels sont les produits concurrents (production familiale pour l'autoconsommation, huiles industrielles locales, huiles importées...)?
- quelles doivent être les caractéristiques du produit (goût, odeur, présentation...)?
- à quel prix pourra-t-on le vendre?
- quels circuits de distribution va-t-on utiliser?
Les questions de promotion, de distribution et de vente des produits sont primordiales. Les réponses à ces questions permettent de déterminer les quantités que l'on pourra produire et commercialiser.
Il faut également soigneusement évaluer les coûts de production: amortissement du matériel et des bâtiments, charges variables (main-d'oeuvre, matières premières, énergie...). Ces études donnent une idée de la rentabilité prévisionnelle de l'installation. Elles peuvent très bien conduire à abandonner le projet s'il n'est pas viable économiquement.
L'investissement correspondant à l'achat des machines est tel qu'il appelle une décision collective de la communauté villageoise. L'organisation sociale qui prévalait avec les méthodes traditionnelles peut se trouver modifiée. Le matériel d'extraction peut appartenir au village. Dans ce cas, il s'apparente à un service pour lequel les clients paient une redevance. L'argent que procure la presse peut dès lors servir à assurer la maintenance du matériel.
Les machines peuvent aussi être la propriété d'un groupe organisé en coopérative. L'atelier nécessite alors un encadrement efficace et une organisation suivie. La gestion de l'atelier doit se fonder sur le principe que la presse constitue un bien communautaire. Les divisions entre copropriétaires sont fréquentes, notamment lors des pannes. Une formation à la gestion de l'atelier est indispensable pour avoir une organisation rationnelle du travail et des responsabilités.
L'adoption de technologies améliorées peut en outre modifier le partage des tâches entre les hommes et les femmes. Le travail d'extraction de l'huile était traditionnellement réservé aux femmes. Or, on constate que la mécanisation conduit souvent à l'appropriation du matériel et des équipements par les hommes, ce qui prive les femmes d'une activité génératrice de revenus personnels.
Ces questions ayant trait à l'organisation du travail doivent s'accompagner de considérations techniques. Il faut tout d'abord évaluer les disponibilités en intrants: quelle main-d'oeuvre nécessite la presse? En quelle quantité? Combien d'eau ou de combustibles sont nécessaires à l'extraction? Dans le cas de presses motorisées, il convient de prendre en compte le coût du diesel ou de l'électricité et d'envisager des sources d'énergie de substitution.
La question du remplacement des pièces usées est cruciale. L'usure des presses est en effet rapide. Il faut pouvoir acquérir facilement les pièces de rechange ou disposer sur place de forgerons formés qui savent réparer les machines. Le fonctionnement de la presse doit être simple et son entretien aisé. Il est important que les femmes puissent s'en occuper elles-mêmes. Enfin, il est préférable que l'utilisation du matériel ne nécessite pas de formation particulière.
Enfin, il faut tenir compte de l'évolution constante du marché des huiles. Ainsi, par exemple, ces dernières années, l'usage industriel du karité s'est intensifié entraînant une demande accrue en matière brute (fruit ou amande). Cette augmentation de la demande a provoqué des modifications sociales. Les hommes commencent à s'intéresser au karité. Ils récoltent les fruits et les vendent directement. Ils entrent ainsi en concurrence avec les femmes qui assurent traditionnellement la fabrication de beurre.
La réussite d'une entreprise semi-artisanale dépend de nombreux facteurs. Il n'y a pas de chemin balisé qui garantisse la rentabilité des technologies améliorées au niveau du village ou dans de petits ateliers de transformation artisanale. Il importe avant tout de s'adapter aux conditions particulières propres à chaque région.
L'amélioration des procédés d'extraction doit s'accompagner d'une bonne connaissance des méthodes traditionnelles et des données d'organisation sociale et économique sur lesquelles elles reposent. C'est la condition de la réussite d'une telle entreprise.